Exposition liée
Céramique, fils de coton, bois brûlé, gros sel, bordés (bois de bateau usagé), impression sur tissu, « tronc » de bananier séché, fleur de bananier, dimensions variables
Courtesy de l’artiste
Production Le Grand Café – centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
De nombreuses cultures ont imaginé des formes en reliant certaines étoiles par des lignes imaginaires. Tout est signe : les constellations ont aussi servi aux repérages céleste et terrestre, ainsi qu’à l’orientation des marins. Associées à des mythes, elles ont aussi été investies du pouvoir de lire le destin.
Pourquoi le plus loin touche au plus près ? semble se demander Minia Biabiany lorsqu’elle se réapproprie l’écriture des constellations. Imprimés sur textile, ses dessins renvoient à une histoire où nous rencontrons des plantes capables de soigner ; des symboles de mouvements politiques émancipateurs; la Soufrière, volcan qui accompagne l’artiste depuis son enfance ; ou des animaux. Ces constellations sont reliées par des fils de coton à de petites céramiques aux formes géométriques ou relevant du mythe, tels une sirène, un poisson, un utérus.
Au sol, de grandes lignes ondulent comme les lignes de sonde des cartes marines : matérialisées en gros sel, matériau de purification et de conservation, ces reliefs contraignent nos déplacements et nous invite à une démarche attentionnée.
L’artiste adjoint à l’installation des sculptures de bois calciné qui s’apparentent à des portes mentales et entretiennent un rapport à la mémoire. Minia Biabiany fait ici référence aux liens qui rattachent la Guadeloupe au continent africain et à l’île de Gorée, connue comme le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine. L’île abrite aujourd’hui un vaste ensemble mémoriel et la Porte du non-retour, pour commémorer la déportation de millions de captifs mis en esclavage.
Les Portes de Minia Biabiany ne sont pas sans retour : ornées de perles noires, percées d’ouvertures, traversées de fils tendus comme des cordes. Ce sont des portes qui parlent, notamment de l’oubli, consubstantiel au travail de mémoire ; ce sont des portes qui rapprochent, une fois encore, la terre et le ciel.
Notice basée sur le texte d’Éva Prouteau, critique d’art