Exposition liée
Dispositif in situ, LiFE, Saint-Nazaire, programmation hors les murs du Grand Café – centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
Tubes inox poli miroir, programmation de lumière stroboscopique
Diffusion sonore : crépitements métalliques
Conception sonore en collaboration avec Yoann Le Claire
Production Le Grand Café – centre d’art contemporain, Saint-Nazaire
Conçue spécifiquement pour l’espace monumental du LiFE, Human Fly est un dispositif immersif qui bouscule l’espace sensoriel du visiteur. Dans l’obscurité totale, l’installation radicale de Claude Lévêque opère une métamorphose du lieu. Entre écriture de la lumière et du son, l’artiste brouille les répères du visiteur. Human Fly est d’ailleurs un emprunt au titre des Cramps qui fait directement allusion à la vision diffractée des mouches. C’est précisément cet œil, sa vision démultipliée à facettes panoramiques, rendue possible grâce à une multitude de capteurs de lumière, qui a intéressé l’artiste pour évoquer l’élargissement de la perception, directement en lien avec l’impact sensoriel paroxystique de son dispositif.
Dans le vaste espace traversant du LiFE, bien protégé sous les chambres d’éclatements des bombes, huit mètres de béton armé pèsent au-dessus des têtes. Là, disposés au sol, Claude Lévêque répartit sept amas stellaires, spectaculaires bouquets de tiges d’inox poli miroir, liées par des colliers de métal. Ces barres se sont stabilisées selon leur poids, pour s’auto-bloquer à leur point d’équilibre proper : à la fois similaires et tous différents, ces assemblages croisés forment des nœuds d’éclairs qui dansent sous les saccades stroboscopiques, et vacillent sous le faisceau dédoublé des projecteurs.
Pour amplifier ce trouble visuel, dégagé de l’onirisme à l’œuvre dans d’autres projets, Claude Lévêque spatialise les harmoniques intenses d’entrechocs métalliques. Cette boucle sonore tient du roller coaster bruitiste, entre le tressautement allègre et le roulement menaçant, une circulation trépidante et résonnante qui envahit tout, l’espace comme les corps des visiteurs. De cette combinaison de forces en tension, il résulte une exposition qui agit comme un piège, notion souvent développée par l’artiste. Entre voyage initiatique et embuscade, vertige cosmique et exacerbation de tous les sens, la promenade est belle, toute en secousses. À faire sur le qui-vive.
Texte d’Éva Prouteau, critique d’art