Exposition liée
Vidéo, son stéréo, 24 min
Production Le Grand Café, centre d’art contemporain – Saint-Nazaire, résidence d’artiste sémaphore du Créac’h, Ouessant et La noche del último dinosaurio, Chili
Le film Dos brillos blancos agrupados y giratorios [Deux faisceaux blancs groupés et rotatifs] d’Enrique Ramírez met en scène le sémaphore du Créac’h, qui toutes les dix secondes émet un éclair blanc pour montrer la voie aux voyageurs de la mer, qu’ils arrivent du Nouveau Monde ou de la fin du monde, le Finistère. Dans cette œuvre crépusculaire, un récit fictionnel croise des archives visuelles chiliennes.
La mer apparaît calme ou tourbillonnante, filmée en topshot (plongée totalement verticale) ou en vol rasant : les effusions d’écume tranchent sur la matière sombre, tels des mondes cartographiques qui se font et se défont sans cesse ; le faisceau de lumière troue mécaniquement le ciel nocturne, et de multiples voix accompagnent cette chorégraphie élémentaire. Des voix célèbres ravivent de grands moments d’histoire politique, mots incandescents qui ont guidé l’humanité, ou évocations d’événements tragiques qui l’ont désemparée : discours de Luther King, Castro, Bush. La bande son – en rythme avec le faisceau lumineux du phare – multiplie les incantations à l’utopie, comme pour inspirer la possibilité d’imaginer de nouvelles paroles utopiques aujourd’hui.
La lumière émise par le sémaphore du Créac’h à Ouessant est le point nodal de la vidéo. Elle est chargée par l’artiste d’une symbolique mémorielle, incarnation des multiples strates temporelles qu’elle traverse avant de nous parvenir. L’artiste reprend à son compte certaines croyances de tribus indiennes d’Amérique latine qui imaginent une inversion du temps historique, plaçant le passé dans notre futur et ainsi, notre évolution comme un continuel retour en arrière. Ces légendes temporelles sont redoublées par la perception géographique ancienne, de l’antiquité jusqu’à Christophe Colomb, de la terre comme plate.