Le bâtiment
Le Grand Café est un ancien café datant de 1864, haut lieu de la vie locale. Lors de son ouverture, il était situé au cœur du centre-ville de l’époque, à proximité du port et de l’ancienne gare, à deux pas de la plage.
Épargné par la destruction de la ville en 1943, il continue d’être un café jusqu’à la fin des années 1960. Il accueille par la suite différentes activités commerciales : salle des ventes, bureau d’étude, etc., avant d’être racheté en 1994 par la Ville de Saint-Nazaire et de devenir en 1997 un lieu d’exposition consacré aux artistes contemporain.e.s.
L’espace ouvert au public est composé de près de 400 m2 de surface d’exposition répartie sur deux étages et d’un espace d’accueil et de documentation à l’emplacement des anciennes cuisines.
Les espaces ont été aménagés de manière à pouvoir recevoir les œuvres sans effacer totalement le caractère originel du lieu, qui conserve quelques éléments de son architecture d’époque : colonnes en fonte et carrelage dans la salle principale au rez-de-chaussée, parquet et balcon en fer forgé à l’étage.
La diversité des salles dans leur volume, leur caractère propre (plutôt brut en bas, plus domestique à l’étage) permet de déployer des registres d’œuvres différents. Tourné vers l’extérieur grâce à ses larges baies vitrées, le bâtiment s’ouvre sur la ville.
Le contexte : la ville de Saint-Nazaire
Saint-Nazaire est une ville entièrement liée à l’histoire de la modernité. C’est seulement au début du XIXème siècle que les prémisses d’une ville se font jour. La construction en 1838 d’un bassin à flot capable d’accueillir des navires de grand tonnage marque un tournant décisif pour la ville qui joue désormais un rôle déterminant dans le trafic maritime de plus en plus dense.
Conçue comme un avant-port de Nantes, la ville, située sur l’estuaire de la Loire, connaît un développement économique rapide avec la prospérité de la construction navale et aéronautique. Des liaisons transatlantiques avec les Caraïbes font de Saint-Nazaire la porte d’entrée en Europe des personnes et des biens en provenance d’Amérique centrale et latine. Les paquebots Normandie, le France et le Queen Mary 2 sont ainsi construits à Saint-Nazaire.
À la veille de la seconde guerre mondiale, des villas et hôtels particuliers de style victorien sont édifiés sur le front de mer, emblèmes d’un tourisme balnéaire naissant.
L’occupation allemande transforme Saint-Nazaire en port militaire avec la construction en 1941 d’une base sous-marine à l’emplacement de la darse transatlantique. Pièce essentielle du dispositif allemand sur l’Atlantique, Saint-Nazaire devient la cible militaire à neutraliser à tout prix. En 1943, la ville est détruite à 85% par des bombardements alliés, préservant toutefois la base sous-marine allemande qui, depuis les années 90, est le cœur d’un projet urbain visant à retourner la ville vers son port dont le plan de reconstruction d’après-guerre l’avait coupé.