Exposition
« Il y a, avant tout, les images chez Grazia Toderi : images retravaillant son rapport aux images – télévisées, culturelles, mentales – et liées à son expérience de femme, d’artiste, d’enfant qui a grandi et d’adulte que l’enfance ne quitte pas, mais aussi tout simplement d’être humain participant au devenir de notre monde et cherchant à donner forme à son être là. Mais l’immense pouvoir de suggestion et de séduction de ses images ne réside pas seulement dans leurs contenus complexes auxquels pourtant chacun peut, intuitivement, se raccrocher: il résulte surtout de leur subtil mécanisme interne qui, entre respiration et durée immobile, entre plan fixe et mouvements discrets, nous les fait apparaître comme nos propres images intérieures. »
Enrico Lunghi
Nata nel’63 [Née en 1963], présentée au Grand Café, fait directement référence à l’enfance de Grazia Toderi. Elle nous montre une petite poupée (figurine) qui tient dans ses bras une balle rouge. Elle tourne sur elle-même. Derrière elle, dans un second plan, la TV diffuse les images mythiques du premier voyage des hommes sur la lune en 1969. Grazia Toderi avait donc 6 ans ce jour là et se souvient très nettement de ce jour où sa vie a basculé. Plus qu’une fascination, cet événement marque une prise de conscience du destin humain, assujetti au poids des corps. Pour Grazia Toderi, la conquête de l’espace représente une libération de ce poids et l’accès à l’apesanteur. Cette vidéo exprime tout autant la fascination que la solitude et le désarroi d’une petite fille qui ne fait pas partie du voyage.
Depuis ce jour, Grazia Toderi n’a de cesse de repousser les limites de sa condition de « terrienne ». Retrouver les conditions de l’apesanteur, c’est ce qu’elle essaie de faire dans Zuppa dell’eternità e luce improvisa [Potage éternel et clarté soudaine]. Immergée sous l’eau, vêtue d’un imperméable, elle se débat lentement dans un environnement hostile et tente d’ouvrir et fermer un parapluie. L’oeuvre agit comme une métaphore de la résistance d’un individu face au monde extérieur. Le temps des images et le rythme du montage est celui de la respiration de l’artiste, il est donc aussi celui de ses limites physiques.
Terra, radicalise ce que les deux vidéos précédentes nous laissent entrevoir d’une volonté de suspendre le temps. Ici, la scène se passe de nuit sur une piste d’aéroport où un avion semble vouloir atterrir pour finalement rebrousser chemin. Au premier plan, dans le coin gauche de l’image, une figurine (homme ou femme) que l’on devine âgée, se balance sur son rocking chair au rythme violent des gaz libérés par les réacteurs. L’avion, doucement, suspend son vol dans les airs, sans jamais parvenir à toucher terre. Il indique ainsi un point qui gonfle la surface de l’image pour en montrer l’épaisseur.
Œuvres
30 min
Collection Frac Languedoc-Roussillon
30 min
Collection Alice Setari, Milan
30 min
Collection Frac Bourgogne