Les Flottaisons

L’œuvre de Marcel Dinahet est une longue approche de thématiques réputées difficiles, voire « impossibles », à savoir le site et le milieu naturel. En 1991, il découvre l’image vidéo comme élément sculptural autonome et abandonne la production de l’objet tridimensionnel. Son travail se concentre depuis sur l’observation des sites sous-marins et du littoral en général, tout en reconstituant un langage issu de la sculpture par le montage, la place accordée à l’élément sonore et le travail structurel sur des images « objectives », car non déterminées par le point de vue et le regard de l’artiste. Celui-ci en effet privilégie des prises de vue « naturelles » comme lorsqu’il laisse flotter sa caméra sur l’eau, c’est-à-dire au degré zéro des cartes, dans les bassins du port de Saint-Nazaire, Bilbao, Lisbonne, Brest ou Rotterdam.

Initié à Saint-Nazaire et prolongé à Lisbonne, Bilbao, Brest, Saint- Malô et Rotterdam (l’ordre des images correspond à l’ordre chronologique des déplacements de l’artiste sur ces sites), le projet des Flottaisons s’intéresse donc au port comme espace de rencontre entre deux mondes : celui qui est directement visible et un monde en deçà de la ligne de flottaison. Les prises de vues au ras de l’eau bouleversent notre appréhension de l’espace et les codes qui le construisent : stabilité/mouvement, pesanteur/suspension, volume/plan, matière/couleur… La surface de l’eau agit véritablement comme une interface par le biais du reflet qui dédouble l’espace. Cette vision inédite du port traduit une certaine fragilité de l’espace.