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Exposition
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Comme un écho à la célèbre maxime attribuée au chimiste et philosophe Antoine Lavoisier, la pratique de Raphaël Zarka questionne le glissement et la migration des formes à travers l’Histoire. Chercheur et collectionneur curieux, on pourrait dire de l’artiste qu’il « rencontre » ces formes, les prélève et les connecte selon une logique à la fois intuitive et philosophique. Qu’il puise dans l’art, la science, la culture et l’industrie, Raphaël Zarka désigne alors certaines coïncidences troublantes et autres résurgences géométriques qui jalonnent les époques et les champs du savoir.
Sa manière d’approcher les formes et les matériaux n’est pas étrangère à la pratique du skateboard, qu’il documente par ailleurs depuis plusieurs années. Son regard est anthropologique (La Conjonction interdite, 2003), historique (Une journée sans vague, 2006) mais surtout sculptural (Topographie anecdotée du skateboard, 2008), lorsqu’il analyse le rapport des skateurs à l’espace urbain et cette façon qu’ils ont « d’opérer une espèce de montage parmi la diversité de matières et de formes offertes par la ville ».
Dans la série Les Formes du repos (2001-2011), l’artiste poursuit une enquête similaire : ses clichés d’objets en béton, formes industrielles isolées dans un contexte naturel souvent en friche, se dressent comme des sculptures fortuites, qui croisent la géométrie complexe des rhombicuboctaèdres, hantent un dessin de Léonard de Vinci ou resurgissent dans une étude mécanique signée Galilée. Pour Raphaël Zarka, ces volumes géométriques alimentent un corpus fondateur : il les réplique et les décline, sous forme de sculptures marquées par la rémanence d’une esthétique minimale ressourcée.
D’apparence formaliste, ses œuvres récentes restent ainsi le fruit d’une curiosité d’amateur, qui s’autorise tous les médiums et invite le public à une lecture non linéaire de l’histoire de l’art. Car si les schémas anciens des mathématiciens réinjectent du sens dans notre lecture de la sculpture abstraite : du constructivisme au minimalisme des années 60, l’inverse est aussi vrai, avec le skate en toile de fond et la quête obstinée du mouvement, de la boucle spatiale et temporelle…
Avec Le Tombeau d’Archimède, titre de l’exposition conçue pour Saint-Nazaire, Raphaël Zarka précise les recherches menées au cours de sa résidence à la villa Medicis de Rome cette année : une nouvelle étape dans cette exploration des formes géométriques, d’où découlent plusieurs productions inédites qui nous entraînent à la recherche des liens invisibles entre peinture et sculpture. Archimède apparaît ici comme figure tutélaire, ingénieur et personnage clé dans l’histoire des polyèdres. Autour de lui, Raphaël Zarka rassemble des sculptures, répliques, photographies qui sont autant de fragments d’un seul récit ouvert, à la fois fictionnel et documentaire, où s’invente à partir de citation, de reprise et de prélèvement, une archéologie subjective.
Éva Prouteau
Production
Œuvres
100 x 70 cm
Courtesy galerie Michel Rein, Paris
54,5 x 70 x 43,5 cm
Collection Frac Alsace, Sélestat
24 x 42 x 73,5 cm
Courtesy galerie Michel Rein, Paris
24 x 42 x 73,5 cm
Courtesy galerie Michel Rein, Paris
Édition
Biographie
Né en 1977 à Montpellier.
Vit et travaille à Paris.
L’artiste est représenté par la galerie Michel Rein, Paris.
site de la galerie