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Le Grand Café, la Moustache cachée dans la barbe, Francisco Tropa, 2018
Film réalisé par Sylvain Huet / Avis d’Eclaircies
Exposition
L’art de répondre
Au cours du cycle « La Moustache cachée dans la barbe », Francisco Tropa met progressivement en scène des situations incluant des dessins (au sens large du terme), des sérigraphies créées à partir de sources photo typographiques, des sculptures, des éléments et des ensembles au ton didactique ou archéologique, des apparats évoquant des expériences ou des démonstrations, des constructions, des montages, etc. De futurs chapitres, déjà prévus, seront de nature plus performative.
À chaque présentation, un mélange déconcertant d’incongruité et de pondération, de méticulosité et de nonchalance sur le plan de la composition place le travail de Francisco Tropa quelque part dans la sphère de la famille duchampienne, et éveille chez le spectateur des impulsions détectivesques. Mû par l’espoir que la collection de faits dispersés explique motivations et procédés, celui-ci sera tenté de relever de petits indices et de balayer la totalité de la scène du crime d’un regard inquisiteur en renvoyant chaque pièce, par contraste ou affinité, à une autre ou à d’autres, dans le même espace, la même exposition, la même « série », ou tout autre antérieure.
La narration n’est pourtant pas policière. Tout, dans la scène intacte, semble visiblement peu concluant comme lors d’un essai interrompu dans une phase avancée, mais qui est encore loin du but. Reprendre « les recherches » implique accepter la différence entre résoudre un crime et affronter une énigme. Car si le premier cas demande l’enchaînement rétrospectif de faits pertinents, dans le second cas de l’énigme, la narration constitue elle-même un pouvoir – dédoublement continu du langage en soi, qui nous tente, nous attire et nous projette dans l’abîme de la surface qui est, en même temps, sa profondeur.
Francisco Tropa n’ignore pas que l’art est aujourd’hui une catégorie ambiguë et quelque peu suspecte. Pour les pratiquants les plus impliqués, l’art ne cesse cependant pas d’être un domaine où se configurent des réponses qui, dans leur registre bien particulier, représentent une « question de vie ou de mort ». « Réponds ou crève ! » est le défi que le Sphinx lance à Œdipe.
Il est certain que la variété et l’abondance de réponses dont nous disposons aujourd’hui ne nous a point rapproché de celle qui nous sauvera d’une destinée fatale. C’est pourquoi les apparats, les dispositifs, les pièces et les ensembles de ce cycle se présentent à nous non seulement comme des instances d’une pratique constante – un art de répondre – mais aussi d’une modalité spécifique de cette pratique : la création de situations matérielles, capables de conserver en elles-mêmes un écheveau de narrations sans hiérarchie ni exclusion mutuelle, empiriquement crédibles à condition de rester ouvertes. Des gestes disparates, clairs, obscurs, précis et vagues lancent encore et toujours, voile après voile sur les figures du destin, contraignant le langage à s’impliquer dans ce qui n’a pas de réponse.
LAMO-USTAC-HEC-ACHÉ-EDANS-LAB-ARBE.
Manuel Castro Caldas
Traduction : Isabel Lopes Cardoso
Production
Œuvres
42 x 60 x 10 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
Installation globale : 190 x 330 x 220 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
60 x 5 x 200 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
192 x 55 x 42 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
161 x 100 x 100 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
109 x 26 x 26 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
14 x 80 x 36 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
Installation globale : 58 x 29 cm
Verre soufflé : 22,5 cm, diamètre 12 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
168 x 50 x 395 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
174 x 44 x 29 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
175 x 56 x 40 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
100 x 100 x 250 cm
Courtesy Galerie Jocelyn Wolff, Paris
Biographie
Né en 1968 à Lisbonne (Portugal) où il vit et travaille.
L’artiste est représenté par la Galerie Jocelyn Wolff (Paris), la Galerie Gregor Podnar (Berlin) et Galerie Quadrado Azul (Porto).