Exposition
Des milliers de bouteilles d’eau envahissent l’espace du Grand Café. C’est un peu comme si cet ancien café fondé par le père d’Aristide Briand (prix Nobel de la Paix en 1926) retrouvait son activité première le temps d’une exposition… À un détail près, dans ce café, on ne consomme qu’une seule boisson : de l’eau. Le tout, dans des salles qui semblent avoir été investies en urgence, avec une installation minimum et nécessaire pour dresser un café : des tables, des chaises, des frigos pour avoir de l’eau fraîche et … le stock imposant des bouteilles, visibles, laissées à portée de main.
Au Mexique, l’accès à l’eau potable pour tous est une question brûlante. La distribution de l’eau minérale en bouteille (et particulièrement de la marque évoquée dans l’exposition) y est placée sous le contrôle de la multinationale Coca-Cola. Ainsi Minerva Cuevas a détourné l’étiquette des bouteilles d’une eau minérale française bien connue. Les couleurs, le graphisme et la mise en page fonctionnent à l’identique mais le nom de la marque a disparu au profit d’un slogan qui pointe avec subtilité la question du partage de l’eau potable dans un monde globalisé. Une œuvre à partager et à emporter.
L’artiste mexicaine Minerva Cuevas choisit de créer, dès 1998, Mejor Vida Corporation (Entreprise pour une vie meilleure), une société non lucrative de « services microéconomiques ». Elle se sert, entre autres, d’images ancrées dans l’inconscient collectif pour détourner des logotypes et des slogans. Ces propositions simples, adaptables au quotidien, au profit de valeurs égalitaires, ne sont possibles que dans le milieu artistique, espace de liberté et de débats qui semble pouvoir valider ces revendications et offrir une visibilité à la création.