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Exposition
Le Refuge réalisé par Stéphane Thidet lors du dernier Printemps de Septembre à Toulouse aura incontestablement été l’un des temps forts de ce début de saison. Il aura permis à plusieurs observateurs de découvrir ce jeune artiste, déjà très actif sur la nouvelle scène française notamment au travers de ses collaborations à la Générale, lieu alternatif parisien pour lequel il avait organisé l’exposition « Guet-apens » en juin 2006.
Aussi émerveillé que sombre, l’univers de Stéphane Thidet offre des visions distordues de la réalité. Ses œuvres suggèrent un ailleurs, une fiction non accessible mais perceptible qui confrontent le spectateur à un nouvel « état des choses ». Ses œuvres, souvent liées à l’enfance ou au divertissement collectif populaire comme la fête foraine, les jeux (billard, balançoire), le camping, le zoo… dévoilent une certaine perte d’innocence, une inquiétude qui, par l’état de tension permanent qu’elle suppose, provoque une agitation, un tumulte intérieur fécond. Cette tension de laquelle naît une forme de fiction est également palpable dans la plupart de ses vidéos. Du vent dans les champs, 2005, nous montre un homme fuyant à travers un champ de maïs. Le cadrage serré et la proximité du caméraman filmant à l’épaule, placent le spectateur dans une position incertaine : de la proie ou du poursuivant ?
Le travail de Stéphane Thidet « ancré dans l’observation de la réalité, se développe autour d’un processus de transformation qu’il fait subir à ce qu’il observe et pointe. Dans l’utilisation de différents médias (…), il applique une grammaire assez proche de celle du cinéma (…), qui lui permet d’établir une méthode d’analyse du réel et de ses possibilités d’hybridation (…)1 ». Comme pour Alice aux pays des merveilles, dans l’univers de Stéphane Thidet, les choses et les situations se soustraient à un usage habituel du monde au profit d’une réalité hybride qui installe un jeu de lectures croisées.
Dehors, l’exposition personnelle de Stéphane Thidet au Grand Café désigne un espace de projection, un territoire de fictions, mais avec ce paradoxe qui consiste à proposer un « extérieur » et à en interdire l’entrée. Chacune des œuvres présentées génère à sa manière un aller/retour entre le dedans et le dehors.
À partir de trois nouvelles œuvres produites pour l’occasion, Sans titre (Le terril), Sans titre (Le portique), et Sans titre (Veut dire qu’il pourrait très bien, théoriquement, exister au milieu de cette table […]), d’une série de digigraphies intitulée Wildlife (2006-2007) et d’une vidéo Du vent dans les champs (2005), un cheminement se construit au fil des salles. Tels de véritables obstacles Sans titre (Le terril) et Sans titre (Le portique) nous confrontent à des œuvres d’une grande simplicité formelle (l’artiste effectue des gestes simples) qui livrent toute leur complexité dans les étapes successives du regard. À l’étage, au contraire, Du vent dans les champs fonctionne comme une fuite en avant qui débouche sur une échappatoire avec Sans titre (Veut dire qu’il pourrait très bien, théoriquement, exister au milieu de cette table […]. Au fond, le travail de Stéphane Thidet nous parle de la quête d’un « ailleurs » et d’un double mouvement dans la perception des choses : celui de l’étrangeté du réel (exprimé par certains objets et situations) et celui d’être soi-même étranger au monde.
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Note
1 – Sophie Kaplan, directrice du CRAC Alsace
Production
Œuvres
2 min 34 s
Prêt de l'artiste
Édition
Biographie
Né en 1974.
Vit et travaille à Aubervilliers, France.
L’artiste est représenté par Galerie Aline Vidal (Paris) et Galerie Laurence Bernard (Genève).