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Exposition
« En 2013, suite à l’invitation de Sophie Claudel, attachée culturelle à l’Ambassade de France à New York, pour le programme « Carte Blanche », j’ai pensé un projet qui compose un portrait de la ville de New York elle-même à travers ses habitants, ses espaces et les liens qu’ils entretiennent. Mon regard de danseuse et / ou mon corps sont impliqués, suivant le médium emprunté : film, performance, bande-son. J’ai proposé à l’artiste visuel Jocelyn Cottencin de me rejoindre pour élaborer le projet A Taxi Driver, an Architect and the High Line. »
Emmanuelle Huynh
New York continue d’occuper une place particulière dans notre imaginaire, c’est probablement l’une des villes les plus présentes dans la production cinématographique. Le projet A Taxi Driver, an Architect and the High Line ne s’appuie pas directement sur cet imaginaire. Il choisit le corps comme prisme de lecture de la ville. Le corps placé dans l’espace, le geste et son rythme révèlent en creux celui de la ville, ses architectures. La présence physique, la marche, la danse aiguisent notre regard et permettent une activité de sur-lignage discret des mouvements de la ville, de ses masses et de ses transformations.
A Taxi Driver, an Architect and the High Line est une trilogie filmée. C’est un portrait de la ville à travers trois caractères et leurs relations à l’espace et à l’architecture. Les deux premiers personnages sont un chauffeur de taxi (Phil Moore) et un architecte (Rick Bell). Le troisième est un monument, la High Line. Coulée de verdure au coeur de la cité, la High Line est métaphoriquement considérée comme une personne qui traverse la ville, la révèle et provoque la rencontre entre des personnes et des histoires. Les films rassemblent à la fois des mémoires physiques, des histoires intimes et des espaces. Chaque film navigue entre fiction, documentaire, performance et poésie.
Le projet est avant tout un dialogue avec chacun des protagonistes, une recherche à travers leur mémoire physique et leur histoire personnelle. Des gestes, des mouvements, des trajets ont été identifiés. Ces gestes sont réengagés dans la ville. Ils peuvent être re-placés dans leur contexte d’origine comme déplacés. Chaque action dialogue avec le contexte et provoque une lecture de l’espace depuis celle du corps. En contrepoint, le regard porté sur la ville s’intéresse aux activités quotidiennes, aux gestes liés au travail, au rythme de la ville. Le projet s’engage et se confronte à la réalité des espaces et des actions.
A Taxi Driver, an Architect and the High Line est aussi une aventure artistique partagée par une chorégraphe et un artiste contemporain dans laquelle chacun questionne en permanence le champ de l’autre. Le geste dansé, aussi discret et intime soit-il, est l’outil d’expérimentation et de définition de l’urbanité tandis que l’espace et la temporalité de l’installation vidéo en deviennent le support pour être à leur tour remis en jeu dans la performance chorégraphique.
La performance prolonge ce qui est mis en œuvre dans l’installation. Les films deviennent ainsi à la fois une trame narrative et une partition.
Les principes de mémoire activée au présent sont étendus au domaine musical et aux arts visuels. Des évocations, déformations, ré-interprétations de performances d’artistes et de chorégraphes majeurs de la scène new-yorkaise des années 60 comme Robert Morris, Simone Forti, Trisha Brown, ou David Gordon et des citations des chorégraphes contemporain(e)s, DD Dorvillier, Jennifer Lacey, Xavier Le Roy côtoient les expérimentations musicales de Moondog, Animal Collective ou Suicide. Nos actions sont pensées comme le quatrième écran de l’installation, un paysage fait de temps et de mouvements.
Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin
Œuvres
Coproduction : Les Services Culturels de l’Ambassade de France à New York ; Le Quartz, Scène nationale de Brest ; Passerelle Centre d’art contemporain, Brest
D’après une idée originale d’Emmanuelle Huynh