Exposition liée
Armand Gatti (1924-2017), metteur en scène et écrivain, est déjà connu pour ses créations collectives lorsqu’il est invité par la MJEP, Maison des Jeunes et de l’Éducation Populaire à Saint Nazaire en 1976. Le sujet qu’amènent avec eux Gatti et Hélène Châtelain est celui de la dissidence en Union Soviétique et les internements des opposants en asile psychiatrique. Ils sont ces « canards qui volent contre le vent », battant des ailes pour rester vivants, qui représentent la résistance à toutes les formes de domination. Un sujet à l’intersection de multiples luttes, mais qui fait polémique dans une ville ouvrière ancrée à gauche où le Parti Communiste joue un rôle important. La méthode Gatti est celle de l’activisme: impression d’affiches, de journaux gratuits, débats publics, et productions tous azimuts avec la Tribu, un groupe informel et amical, pour travailler avec des groupes constitués de lycéen.ne.s, d’étudiant.e.s, d’ouvrier.e.s et de paysan.ne.s et produire des films et des pièces de théâtre qui témoignent de leurs préoccupations, de leurs luttes et revendications. Lorsque le dissident Vladimir Boukovski est extradé d’URSS en janvier 1977, Gatti et Châtelain publient une tribune dans Libération « Un canard sauvage nommé Boukovski », impriment une affiche victorieuse : « Une ville ouvrière peut-elle se donner la possibilité de changer le sens de l’Histoire ? — Oui », et font venir Boukovski à Saint Nazaire dès le 4 février. Malgré ces réussites concrètes et symboliques, c’est un peu amer que Gatti quitte Saint Nazaire au bout de six mois, lassé des divergences de vue politiques sur son projet, et sans écrire la pièce de théâtre qu’il avait initialement projetée.