Exposition liée
Jean-Louis Le Tacon, Patrick Prado et quelques autres sont étudiants à Rennes et à Paris, et sympathisants mao au tournant des années 1970. Ils sont bretons et désireux d’être actifs à l’endroit des luttes paysannes, ouvrières, et contre toutes les injustices du capital. Les maoïstes de la Gauche Prolétarienne ont à l’époque des correspondants et des émissaires dans les usines mais aussi dans les campagnes pour préparer à la révolution imminente, mais aussi pour stimuler certaines formes à donner aux luttes, notamment des pièces de théâtre ou un usage du cinéma. C’est ainsi que Jean-Louis Le Tacon va filmer la longue grève du Joint Français à Saint-Brieuc en 1972 pour ce qui devient le premier film signé collectivement Torr e Benn, en breton : « casse-leur la tête ! » S’étant rendu compte de l’impact de la présence de la caméra lors de la séquestration des cadres du Joint par les ouvriers, le collectif spécifie sa démarche : prôner un cinéma « amateur », en Super 8, interventionniste lors de conflits et de manifestations (la grève des Kaolins de Plémet en 1973, « l’affaire de Guern » contre une appropriation de l’espace public par un propriétaire terrien, la Marche au Larzac d’août 1973). Torr e Benn théorise sa pratique, publie des tribunes dans Libération, développe des systèmes alternatifs de diffusion et de projections publiques. Après ces années militantes, Prado et Le Tacon continuent leur carrière dans le cinéma documentaire et la vidéo expérimentale, tandis que l’exemple de Torr e Benn inspire les Ateliers de Création Audio-Visuelle (ACAV) en Bretagne.