Exposition liée
Né à Camaret-sur-mer dans le Finistère, le cinéaste René Vautier se fait connaître très jeune en détournant une commande de la Ligue française de l’enseignement pour un film célébrant l’engagement éducatif de la France en Afrique. Considéré comme le premier film anticolonial français, Afrique 50 (1950), dénonciation brutale de la domination coloniale, est immédiatement saisi, puis interdit, et vaudra la prison à son auteur. En 1970, après une longue période d’engagement aux côtés du FLN et de la révolution algérienne, il rentre en France et s’installe en Bretagne où il fonde l’UPCB (Unité de production cinématographique Bretagne), afin de continuer « au pays » son oeuvre de cinéma militant, adapté à la Bretagne considérée comme une colonie et dorénavant tourné vers les luttes ouvrières, les questions environnementales et la lutte antiraciste, avec une indépendance artistique, économique et de diffusion remarquables. Il ne cesse de se battre pour la liberté d’expression d’un cinéma politique, qui passe par une grève de la faim en 1973 contre la censure, soutenu par une partie du cinéma français. Dans le cadre de l’UPCB, il réalise deux films importants près de Saint-Nazaire. Réalisé avec Nicole le Garrec en 1975, Quand tu disais Valéry, produit par le Centre de Culture Populaire de Saint-Nazaire, raconte la grève des ouvriers d’une usine de fabrication de caravanes à Trignac. Réalisé avec Soazig Chappedelaine-Vautier, Quand les femmes ont pris la colère (1977), suit un groupe de femmes d’ouvriers d’une usine métallurgique de Couëron, poursuivies pour avoir envahi le bureau du directeur afin d’obtenir (avec succès) les revendications de leurs conjoints. Alternant épisodes héroïques et portraits plus intimes, ce film est l’occasion de recueillir des témoignages particulièrement dignes et émouvants à la croisée de considérations sociales et féministes.