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Pendant ses études d’art et de philosophie à Hambourg entre 1985 et 1992, Mariella Mosler entame un travail artistique sur la question de l’ornement. Dans la tradition esthétique, l’ornement est un élément déconsidéré car il vient toujours en ajout d’une structure qu’il a pour rôle d’embellir. Il appartient au registre du superflu, il serait vide de sens.
L’art du XXe siècle et particulièrement le fonctionnalisme ont évacué du vocabulaire esthétique l’ornement au profit d’une recherche de dépouillement alors même qu’il a été un des fondements de l’art pendant des siècles (du Moyen-âge au classicisme de la Renaissance et bien au-delà…). Mariella Mosler propose de regarder à nouveau ce qui au fond constitue désormais la part de refoulé dans le monde moderniste. Comme le rappelle justement Jean-Marc Huitorel, « le décoratif, une fois n’est pas coutume, est ici convoqué, non seulement pour ses vertus d’image source de plaisir, mais aussi, parce qu’il demeure, à l’instar de l’architecture et des fragiles destins qui s’y jouent, l’une des passerelles essentielles entre l’art et ceux à qui il est destiné ».
Ainsi Mariella Mosler conçoit ses parterres de sable et ses fresques de bonbons en fonction des caractéristiques du lieu dans lequel elle intervient. Le choix des motifs est souvent dicté par la culture ornementale de la région ou de la ville dans laquelle elle expose. À Saint-Nazaire, elle a privilégié les entrelacs tels qu’ils apparaissent dans les motifs bretons et celtes. Selon les expositions, les tapis de sable offrent ou refusent au spectateur l’accès à l’espace qu’ils envahissent. Au Grand Café, l’artiste a ménagé des zones de circulation qui permettent de pénétrer au cœur même de l’œuvre. Mais dans un cas comme dans l’autre, la géométrie prend une grande importance dans la conception et l’aménagement de l’espace. Tout s’organise en axes et rotations, en centres et périphéries. Le « nœud », c’est-à-dire un point central qui ouvre à plusieurs chemins possibles, est d’ailleurs le point commun de toutes les œuvres présentées dans l’exposition de Saint-Nazaire.