L’art des années 1960 est porté par une utopie : changer la société en allant dans la rue et en rencontrant les usagers de la ville. Alors que les œuvres étaient autrefois réservées aux églises, puis aux musées, la performance et la vidéo portent un regard critique sur une société en pleine transformation. Face à l’impérialisme ou la rénovation urbaine, cet art de la situation cherche à provoquer une prise de conscience des règles qui nous entourent. Marcher, prendre la mesure de l’espace, entraver la circulation, consommer et habiter sont autant d’actes et de réflexions déclinées par les artistes jusqu’à aujourd’hui, avec autant de pertinence que d’impertinence.
Les conférences sont menées par Ilan Michel, critique d’art.
Calendrier :
Jeudi 17 octobre à 18h30 : Marcher
Jeudi 14 novembre à 18h30 : Prendre la mesure
Jeudi 12 décembre à 18h30 : Entraver la circulation
Jeudi 30 janvier à 18h30 : Consommer : la rue comme espace économique
Jeudi 27 février à 18h30 : Habiter la ville
Conférencier :
Ilan Michel est critique d’art et commissaire d’exposition indépendant, il s’intéresse aux relations entre l’art contemporain et les avant-gardes artistiques du début du XXème siècle. De 2016 à 2021, il a été assistant aux expositions au Frac Centre-Val de Loire et assistant scientifique d’expositions au Musée des beaux- arts et d’archéologie de Besançon. Il est actuellement chargé de médiation au Musée d’arts de Nantes. Il écrit pour les revues 02, La Belle Revue, Critique d’art.
Informations pratiques :
Les conférences ont lieu à Bain Public : 24 rue des Halles, Saint-Nazaire
Entrée 6 euros ; gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeur·es d’emploi inscrit·es à Pôle emploi, les bénéficiaires du RSA et les élèves de l’École des Beaux-arts Nantes – Saint-Nazaire (sur présentation de justificatifs).
Sur réservation au 02 51 76 67 01 ou par mail : publicsgrandcafe@saintnazaire.fr
Programmation détaillée :
Jeudi 17 octobre 2024 à 18h30
Marcher
« Je marche donc je suis » expliquait le philosophe et mathématicien Pierre Gassendi, contre l’avis de René Descartes (« Je pense donc je suis »). Les artistes du 20e siècle ont pris cette vérité au mot. Si la marche anime les pensées, elle est la condition du voyage, du nomadisme. Cette conférence vise à montrer que le déplacement est productif. Qu’il s’agisse des explorations urbaines de Robert Smithson, réactivées par Dector & Dupuy à Saint-Nazaire en 2013, ou de la dérive situationniste, la marche est politique. S’exposer publiquement lors d’une Promenade viennoise en 1965 (Günter Brus) ou faire couler des gouttes de peinture verte à Jérusalem en 2004 (Francis Alÿs) sont autant de petits gestes subversifs qui invitent à sortir du cadre.
Jeudi 14 novembre 2024 à 18h30
Prendre la mesure
On ne se représente jamais une ville de façon objective. Les distances sont toujours vécues selon notre subjectivité. Les artistes de cette conférence mesurent l’espace en prenant leur corps comme unité de mesure (ORLAN) ou en cherchant à en garder l’empreinte (Marcel Duchamp, VALIE EXPORT, Joris Héraclite Valenzuela). Peut-on s’y confondre jusqu’à disparaître des radars de la vidéosurveillance (Désiree Palmen) ? Peut-on être « un prince qui jouit partout de son incognito », comme le pense Baudelaire en 1863 ?
Jeudi 12 décembre 2024 à 18h30
Entraver la circulation
Dans une ville libérale conçue à l’image d’un corps jeune, où la fluidité des artères est primordiale, quoi de plus subversif que de perturber la circulation ? De la barricade clandestine (Christo et Jeanne-Claude) à la marche lente et à contre-sens (ORLAN), les décalages créés par les artistes révèlent les influences inconscientes qui rythment nos pas. La manifestation politique demeure l’exemple le plus marquant d’une remise en question des usages urbains, rassemblant toutes les strates de la société en une communauté unifiée. De nombreux artistes adoptent cette forme qui interrompt la routine pour remettre en mouvement la pensée (Anna Halprin, UNTEL, Endre Tót).
Jeudi 30 janvier 2025 à 18h30
Consommer : la rue comme espace économique
A-t-on le droit de faire du commerce de proximité tout en court-circuitant les logiques économiques sous couvert de faire de l’art ? C’est le cas de David Hammons vendant à la sauvette des boules de neige à New York ou de Tania Bruguera diffusant des copies des œuvres du Centre Pompidou devant l’institution même. Peut-on vendre l’Air de Paris (Marcel Duchamp) ? Ou proposer de toucher gratuitement la poitrine d’une artiste comme un produit d’appel (VALIE EXPORT) ?
Jeudi 27 février 2025 à 18h30
Habiter la ville
« Habiter la ville, c’est être partout chez soi » déclarait l’architecte radical Ugo La Pietra. Cette conférence propose quelques exemples de manières de se réapproprier l’espace urbain. Par le jeu (le GRAV organisant sans permission Une journée dans la rue), en offrant un verre (UNTEL), en installant sa chaise dans la rue (Ben, Gianni Pettena) ou en mettant en place des ateliers de design participatifs avec les enfants dans la banlieue napolitaine (Ricardo Dalisi).